Témoignage de K. qui a eu une môle complète
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K.
le 14/02/2023 à 09:25 Citer ce message
Bonjour à tous,
Je m'appelle K., j'ai 31 ans et cela fait 9 ans que je suis avec mon chéri. Je n'ai pas d'enfant et je crois que je n'ai jamais su vraiment si j'en voulais ou pas... Pourtant, j'ai passé le pas. Février 2022, je décide d'arrêter la pilule, de me lancer dans cette aventure. Nous décidons de vraiment nous y mettre en mai 2022. Le jour de mon anniversaire, je me pose pas mal de questions, soupçonne un événement heureux mais je garde le secret pour moi, je n'ai fait encore aucun test.
Toute timide, je demande conseil sur mon premier (et seul) test urinaire de ma vie. Je décide de le faire un mercredi. Au cas où, je réserve un créneau chez mon médecin sur Doctolib, sait-on jamais... Je sens quelque chose...
Mercredi, test urinaire. Il est positif. Hourra, j'ai bien fait de prendre rendez-vous chez le médecin ! Vendredi, on me donne toutes les précautions et on me donne un test sanguin à faire avec un bilan. Le lendemain, je me présente pour ma prise de sang, toute contente « un faux positif, c'est rare »... Je crois que je me souviendrai toute ma vie avoir prononcé cette phrase. Je prends alors rendez-vous chez le médecin. Le rendez-vous tomberait à 9SA. Oh, ça fait tôt non ? J'essaie d'appeler pour avoir des conseils, finalement c'est mon chéri qui arrive à avoir le cabinet au téléphone et qui lui indique que non, c'est bon, on vérifiera que tout va bien.
Au début du mois de juin, je décide d'assister à un spectacle. Nous déambulons dans un musée pour voir différents minis shows. Un mal de ventre intense me prend à tel point que je demande à Chéri de conduire. Quelques vilaines pertes le soir mais je ne m'inquiète pas plus que ça.
Le mois de juin passe. Je sors de drôles de phrases. Comme une intuition. Je me rappelle avoir dit que j'avais l'impression que le cœur ne battait plus. J'ai fait une sorte d'interrogatoire spirituel via un pendule afin de connaître le sexe. Je n'avais pas de réponse précise. Je me suis dit que c'était dû au fait que je n'y connaissais rien ou que les réponses étaient induites par ce que je pensais et comme je ne pensais à rien, il était peut-être normal de ne pas avoir de réponse.
Le rendez-vous gynécologique arrive. Le gynécologue est quelqu'un de drôle alors quand il m'annonce que ça ne va pas, je pense directement à une blague et puis je vois son air sérieux. Mon copain commence à se sentir mal et à ne plus tenir sur ses jambes. Rude choc. L'opération est programmée pour le lendemain. La secrétaire me prévient, je serai sûrement à la maternité, il faut le savoir. Elle nous demande si nous souhaitons avoir l'échographie. D'une même voix, nous répondons non. En sortant en fin d'après-midi, nous courrons alors pour faire les tests sanguins demandés. Je prie pour ne pas avoir le COVID (eh oui, le test était nécessaire).
Le jour de l'opération arrive. L'accueil m'envoie à la maternité. J'arrive et attend patiemment qu'une infirmière arrive. Je tourne la tête et voit un cintre, drôle d'objet quand on connaît sa symbolique liée à l'avortement. A la maternité, plus de place, on me renvoie à l'accueil. L'accueil me dit d'attendre et que l'on va voir avec la chef de service. Je fonds alors en larmes, c'est trop pour moi. On finit par me trouver une chambre. J'ai un cachet à prendre. C'est bête mais je ne sais toujours pas si je dois le prendre par voie orale ou le faire passer par le bas. Je rigole de ma stupidité mais demande à une infirmière.
Mon conjoint arrive. On me demande de mettre les vêtements spécial opération, vous savez, cette blouse sexy qui laisse tout entrevoir. Malgré le mois de juin, je tremble de froid sous l'effet de la fatigue et de l'angoisse. On me place le cathéter une heure avant. Ça fait mal. « C'est un cathéter... » oui mais ça fait mal ! On finit par m'embarquer. Une fois en salle, je suis aveuglée par toutes les lumières. Je pleure à chaudes larmes mais tout le monde s'en fiche. On s'agite pour l'opération. J'ai l'impression que l'endormissement dure une éternité. Tout fut pourtant rapide. Je me souviens d'une douleur intense dans le bas ventre. Mais on n'a jamais su ce que c'était malgré une échographie car la douleur persistait et qu'on a finit par croire à une colique néphrétique.
Une semaine après, le gynécologue vérifie que tout va bien. Il est content de lui. Il me prescrit des prises de sang mensuelles. Une période que je préfère passer rapidement. Le stress chaque semaine, les bleus dans les bras à force de trop en faire. Cependant la libération vient assez tôt. Deux mois après l'opération, je peux passer à une prise de sang mensuelle.
Sur internet, je tombe sur le groupe Facebook de l'association ASMT. Je découvre le parcours de beaucoup d'entre nous. Des cas plus heureux, des cas moins heureux. Mais une grande solidarité.
Je n'ai jamais eu de mal à en parler.
Mais j'en ai longtemps voulu aux personnes qui ont fait comme si de rien n'était, qui n'ont pas pris de mes nouvelles. Je crois que je leur en veux encore aujourd'hui mais ma solution a été radicale : ne plus prendre de leurs nouvelles car je mérite d'avoir de l'attention. Il m'en a fallu du temps avant de dire que oui, j'ai le droit de mériter une attention à la hauteur de ce que j'espère.
Suite à ce malheureux événement, j'ai sombré. Fervente croyante du karma, je me pensais mauvaise. Puis j'ai réalisé que non. J'ai enfin intégré le fait que c'est la faute à « pas de chance ». Après tout, mes premières fois (premier concours, premier passage du permis...) n'ont jamais été extraordinaires... Cependant, contrairement aux autres événements malheureux de ma vie que j'ai pu avoir, j'ai décidé de me battre pour m'occuper l'esprit et obtenir cette confiance en moi que je n'ai jamais eu.
J'aurais dû terminer une grossesse au lieu de cela, je termine un suivi médical... Mais j'espère rencontrer des jours heureux.
Que retenir ?
> Communiquez. C'est essentiel. Beaucoup de gens ne connaissent pas ce qu'est la grossesse molaire, il est important que nous soyons là pour les informer. Cela peut même nous permettre d'aller mieux.
> Profitez-en pour faire tout ce que vous n'auriez pas fait enceinte.
> Accordez-vous le droit d'être triste même si dans la vie, il y a pire que vous. Votre douleur est valable également. Et laissez de côté les conseils (et les gens) qui ne vous font pas vous sentir mieux.
> Soyez reconnaissants envers ceux qui comprennent vos besoins. Ne soyez pas trop durs avec ceux qui ne comprennent pas mais qui essaient.
A bientôt pour de nouvelles aventures. Positives ou négatives. Elles vous apprendront toujours quelque chose de positif.
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